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mardi 8 avril 2008

Brancusi, l'étincelle qui anime l'esprit

Muse endormie - 1909-1910 - Constantin Brancusi

"Il y a des imbéciles qui définissent mon oeuvre comme abstraite, pourtant ce qu´ils qualifient d´abstrait est ce qu´il y a de plus réaliste, ce qui est réel n´est pas l´apparence mais l´idée, l´essence des choses", estimait le Roumain Constantin Brancusi  dont l'oeuvre a contribué de façon tout aussi magistrale au développement de l´art moderne que celle de Pablo Picasso (1881-1973).

Constantin Brancusi, né en Roumanie en 1876, étudie son art à Bucarest qu´il quitte en 1904 pour Paris où il passera et finira sa vie en 1957. Il travaille brièvement dans l´atelier d´Auguste Rodin jusqu´en 1907 quand il rompt avec les méthodes de sculpture en vigueur.

A l´époque, on sculpte et modèle dans la terre avant de confier à des ouvriers le soin de reproduire l´oeuvre originale, à l´échelle requise, en pierre, marbre, bois ou encore en bronze. Brancusi décide de supprimer ces intermédiaires et s´attaque, lui-même, directement au matériau dont la nature, estime-t-il, a le pouvoir partiel de déterminer l´oeuvre.

De ce principe naît son premier Baiser (1907-1908), un thème auquel le sculpteur restera attaché tout au long de son existence. Contrairement à la plus célèbre oeuvre de Rodin du même nom, Brancusi s´attache à la notion même de l´étreinte plutôt qu´aux individus enlacés. Il en véhicule la force grâce "au respect de l´intégrité" du bloc de pierre brute avec lequel le couple fait corps au lieu de s´en extraire.


Le début du monde - 1920 - Constantin Brancusi

La taille directe n'est autre que le manifeste de Brancusi défiant les maîtres tels Rodin pour faire entrer la sculpture dans une nouvelle ère.

Le sculpteur a tenté de "rendre visible les qualités intrinsèques du sujet qui en font ce qu´il est" afin d'en extraire l´idée. Ses oeuvres font abstraction de la nature "sans être totalement abstraites". Sa recherche de l´universalité dans le particulier l´a conduit à la conclusion qu´une seule partie du corps pouvait fort bien représenter l´ensemble, la plus expressive demeurant la tête. Il sculptera Tête de l´enfant endormi en 1908, dans un marbre blanc immaculé, dans un style, encore réaliste, mais déjà épuré.

Ce processus s´amplifiera avec l´élégante tête de Muse endormie (1909-1910) un bronze qui annonce alors l´apparition de la forme ovoïde, caractéristique d´une partie de l´oeuvre du maître. La perfection de la structure de l´oeuf, qui renferme également la vie dans sa plus pure expression aux yeux de Brancusi, lui inspirera Le début du monde (1920), un marbre poli, absolument lisse.

Des fables populaires roumaines lui ont notamment inspiré le bronze Maiastra (1922), oiseau au merveilleux plumage doré et au chant ensorcelant. Autre thème caractéristique du sculpteur, l´oiseau se retrouvera dans une trentaine de ses oeuvres, dont le célèbre Oiseau dans l´espace un bronze poli qui s´élève dans la grâce et la légèreté d´une plume pointée vers le ciel.

Poétiquement, Brancusi dira avoir "recherché l´étincelle qui anime l´esprit".

Ce texte fut écrit en 2004 - à la suite de l'exposition intitulée Brancusi, The Essence of Things, que lui a consacrée la Tate Modern Gallery - et publié par plusieurs titres de la presse internationale